Поди туда — не знаю куда, принеси то — не знаю что

— Ложись спать, утро вечера мудренее.
Андрей лег спать, а Марья-царевна села ткать.
Всю ночь ткала и выткала ковер, какого в целом свете не видывали: на нем все царство расписано, с городами и деревнями, с лесами и нивами, и птицы в небе, и звери на горах, и рыбы в морях; кругом луна и солнце ходят…

 

idi tam ne znam kyde donesi tova ne znam kakvo

Andrew went to rest while Mary the princess went to weave. She wove all night and wove a carpet the likes of which have been unseen in the entire world: on it was woven the whole kingdom, with cities and villages, with forests and fields, and birds in the sky, and beasts in the mountains, and fishes in the seas; around it were the moon and the sun in the sky.

Russian Folk Tale

Karlsson-on-the-roof

There is only one person in the entire house who is not ordinary and that is Karlsson-on-the-Roof.
karlsson flying
He lives  on the roof, Karlsson does. This alone is out of the ordinary. Things may be different in other parts of the world, but in Stockholm people hardly ever live in a little house of their own on top of a roof. But Karlsson does. He is a very small, very round, and very self-possessed gentleman – and he can fly! Anybody can fly by airplane or helicopter, but only Karlsson can fly all by himself. He simply turns a button in the middle of his tummy and, presto, the cunning little engine on his back starts up. Karlsson waits for a moment or two to let the engine warm up; then he accelerates, takes off, and glides on his way with all the dignity and poise of a statesman; that is, if you can picture a statesman with a motor on his back.
Astrid Lindgren

La maison dans la rue du Machicoulis

On dit que Boulogne sur Mer, il y a long temps, était une ville des marins très peuplée et riche de ressources pour nourrir et assurer le quotidien des nobles et des ouvriers. En face d’un port industriel et à cote de Nausicaa (l’aquarium, le site plus important de Nord-Pas-de-Calais), une petite vieille ruelle d’autres temps, monte vers la maison de la Beurière. Là, deux dames amènent les visiteurs dans un voyage de 100 ans en arrière, quand le quartier des marins était surpeuplé et nid d’une vie et culture uniques. C’était au 19 siècle et jusqu’à la deuxième guerre mondiale, quand en 1943 le quartier a été rasé en une heure et de la zone la plus pittoresque et caractéristique de Boulogne rien n’est resté. Sauf, par miracle, deux maisons, une à côté de l’autre dans la rue du Machicoulis. Aujourd’hui les nouvelles maisons construites autour laissent deviner le paysage que présentait la zone du calvaire. Des montées et des descentes, escaliers étroits et demeures qui ne laissent pas de vide dans une vue que s’ouvre sur d’autres demeures et surement un mouvement incessant. le calvaireLes maitresses de la maison de la beurière racontent son passé. Il y avait une famille de neuf personnes qui vivait dans 32 mètres carres. Mais ce n’était pas étroit parce que des lits se cachaient dans les meubles solides, le plus jeune membre de la famille dormant dans un tiroir et la maman- assise a cote de la grande mère et ses autres enfants dans le seul lit de la maison. Parce que le marin n’y était pas souvent et, d’ailleurs, les plus grands enfants non plus, travaillant sur les bateaux ou, les filles, dans la conserverie, chez les riches, la fabrique. Les hommes mâchaient le tabac, les femmes buvaient la liqueur. Le temps passait rapidement coloré des naissances et mort, pour ces hommes et femmes, que Charles Dickens a immortalisé.

Murakami. De la course au mouton sauvage au 1Q84

sheepCe roman est daté de 1982 quand Murakami commençait à se faire connaitre en France mais jouissait déjà d’une large reconnaissance japonaise ainsi que internationale. Toutes les caractéristiques de son écriture sont lisibles dans ce texte de fiction entre le fantastique, la psychologie et l’avventure.

A la sortie du roman certains trouvent flagrante l’influence de la littérature contemporaine américaine sur l’écriture de Murakami. Aujourd’hui est largement diffusé l’opinion qu’il est un auteur japonais de littérature américaine et, encore moins flattant : de « culture » consommatrice. Lors que les chercheurs tendent à expliquer avec la pop culture le succès d’un des auteurs japonais le plus vendus au monde, il ne faut pas oublier que dans les années ’80 il était très hautement apprécié par toute l’élite littéraire.

Tous les grands écrivains ont trouvé des repaires dans les grands écrivains qui leur précédaient. Souvent ils ont entrepris le chemin de l’écriture après des traductions et des découvertes de l’œuvre de quelqu’un qui leur a donné les ailes. Pour Murakami c’étaient Fitzgerald et Capote. Il est dommage de découvrir l’œuvre de Murakami seulement à travers ces analogies.

La course au mouton sauvage est un roman-fable amusant et absurde, frais et jeun. Ces œuvres suivants commenceront à signaler des prétentions philosophiques, connaissance de la nature humaine et prévisions sombres sur ce qu’elle va devenir. Mais non La course au mouton sauvage. Un des talents de Murakami est de tisser des atmosphères bizarres, dans des mondes surréels et de gagner toute la confiance du lecteur pour l’emporter. Ici aussi, c’est plus le parcours que le final qui compte. Même si Murakami s’inspire ouvertement de la culture occidentale il pose ses situations avec tellement de franchise que peut choquer quelqu’un habitué à la finesse et le langage voilé de la prose occidentale. Un homme habillé en mouton ne peut que faire sourire ou frémir, rappelant peut être David Lynch mais pas Proust malgré le respect que Murakami nourrit pour ce dernier.

Dans ce premiers temps le vin français et la musique britannique ne sont pas encore devenus surexploités dans ses textes et on les accepte avec tolérance. Le chianti et tous les produits occidentaux, chers et apparemment symbole de lux en Japon sont énumérés pas toujours selon les règles du bon gout. Mais encore, ce n’est pas grave, il y en a d’autre qui fait apprécier les histoires magiques de Murakami.

C’est justement pour ça que 30 ans plus tard la sortie de 1Q84 se relève une surprise. C’est comme si il y avait beaucoup à dire mais au cours du chemin tout a perdu du sens. 1Q84 est la reprise de La course au mouton sauvage mais développé en XXL. Dans l’un c’est un mouton, dans l’autre c’est une chèvre qui cache des pouvoirs surnaturels. Des petits hommes qu’en sont derrière, mais pas beaucoup de plus pour nous suggérer le pourquoi du tout. Beaucoup de phrases inspirant aux aphorismes mais sans les devenir pour autant.

Du coup, lisez le mouton, il contient plus d’émotion et d’originalité dans 300 pages de ce que nous propose la chèvre dans les 800 pages de 1Q84.


Le passage de la nuit

La vierge des glaces, H. CH. Andersen

“Have you a beloved one?” asked Rudy; for to have a beloved one was everything to him.

“I have none!” said she, and laughed; but it was as though she was not speaking the truth. “Do not let us take a by-way,” continued she, “we must go more to the left, that way is shorter!”

“Yes, so as to fall down a precipice!” said Rudy; “Do you know no better way, and yet wish to be a guide?”

giacci

“I know the road well,” said she, “my thoughts are with me; yours are beneath in the valley; here on high, one must think on the Ice-Maiden, for they say she is not well disposed to mankind!”

“I do not fear her,” said Rudy, “she was forced to let me go when I was a child, so I suppose I can slip away from her now that I am older!”

The darkness increased, the rain fell, the snow came; it shone and dazzled. “Give me your hand, I will help you to ascend!” said the girl, and touched him with icy-cold fingers.

“You help me,” said Rudy, “I do not yet need a woman’s help in climbing!” He strode quickly on, away from her; the snow-shower formed a curtain around him, the wind whistled by him and he heard the young girl laugh and sing; it sounded so oddly! Yes, that was certainly a spirit in the service of the Ice-Maiden. Rudy had heard of them, when he had passed a night on high; when he had crossed the mountain, as a little boy.

La rue

la strada“At the first dawn of the morning we closed all the massy shutters of our old building; lighted a couple of tapers  which, strongly perfumed, threw out only the ghastliest and the and feeblest of rays. By reading, writing or conversing, until warned by the clock of the advent of the true Darkness. Then we sallied forth into the streets, arm in arm, continuing the topics of the day, or roaming far and wide until a late hour, seeking, amid the wild lights and shadows of the populous city, that infinity of mental excitement which quiet observation can afford”.

The Murders in the Rue Morgue, Edgar Allan Poe