Arrivé en Corse

depart rue2

Ajaccio, 24 septembre 1880.

De petits îlots, portant des phares, apparaissent plus loin; ils s’appellent les Sanguinaires et indiquent l’entrée du golfe d’Ajaccio. Ce golfe profond se creuse au milieu de collines charmantes, couvertes de bois d’oliviers que traversent parfois comme des ossements de granit d’énormes rochers gris, plus hauts que les arbres. Puis, après un détour, la ville toute blanche, assise au pied d’une montagne, avec sa grâce méridionale, mire dans le bleu violent de la Méditerranée ses maisons italiennes à toit plat. Le grand navire jette l’ancre à deux cents mètres du quai, et le représentant de la Compagnie transatlantique, M. Lanzi, met en garde les voyageurs 186 contre la rapacité des mariniers qui opèrent le débarquement.

La ville, jolie et propre, semble écrasée déjà, malgré l’heure matinale, sous l’ardent soleil du Midi. Les rues sont plantées de beaux arbres; il y a dans l’air comme un sourire de bienvenue où des parfums inconnus flottent, des aromes puissants, cette odeur sauvage de la Corse, qui faisait s’attendrir encore le grand Napoléon mourant là-bas sur son rocher de Sainte-Hélène.

 

EN CORSE. LA PATRIE DE COLOMBA.

Guy de Maupassant

 

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